Les effets de l’alcool : I. L’alcool et le foie

  1. Approche biologique : le métabolisme de la molécule d’éthanol

Comment l’alcool est-il éliminé?

La détoxication hépatique.                   

A l’inverse des corps gras et du glucose, l’alcool ne peut être stocké. Il est donc métabolisé. Il est ainsi principalement dégradé par les cellules hépatiques (90%) mais également éliminé par sécrétion directe (10%), c’est-à-dire par les reins (urine), les glandes sudoripares (sueur) et les poumons (air expiré). La dégradation par le foie est également appelée détoxication hépatique – elle est donc la voie d’élimination la plus importante mais également la plus lente (15mg.L-1.h-1) et la plus complexe : l’éthanol, une fois absorbé subit une longue série de dégradations pour aboutir à la molécule d’acétate.

La détoxication hépatique commence avec l’oxydation de la molécule d’éthanol en acétaldéhyde. Il y a 3 voies possibles :

·         l’alcool-déshydrogénase 

·         le MEOS

·         la catalase

 

L’alcool-déshydrogénase (ADH)

Cette voie est celle qui est la plus utilisée, elle oxyde environ 75% de l'éthanol absorbé. Avec l'aide d'une enzyme présente sur place, l'alcool-déshydrogénase, un dimère de 2 chaînes identiques contenant chacune 374 Acides Aminés associés à un ion zinc, ainsi qu'avec le cofacteur NAD+, s’effectue la réaction d’oxydation de l’éthanol en acétaldéhyde :

 



De la même façon que la réoxydation des TH2 (transporteurs d'oxygène réduit) libère de l'énergie dans la mitochondrie, la réoxydation du NAD+ en NADH est exoénergétique et peut donc aboutir à une synthèse d'ATP.

 

Cependant, le système n’est pas adaptable, c’est à dire qu’il ne peut accroître son activité – en moyenne 1,6g d’éthanol par kilogramme de poids corporel en 24h – soit 1,4L de vin pour un homme de 70kg.

 Mais, lorsque l'alcoolisation devient importante, l'activité de l'ADH diminue au profit de l'oxydation par le MEOS.

 Le MEOS

D'après les scientifiques, cette voie ne serait réellement active que pour une alcoolémie supérieure à 0,5 g/L. Le MEOS (Microsomal Ethanol Oxidizing System) est principalement constitué du cytochrome P-450 et de la NADH-cytochrome-c-réductase (enzyme). Il a une localisation intramitochondriale (cf. ci-contre). Le cofacteur nécessaire à la réaction est le NADPH :

Contrairement à la voie ADH, l'énergie produite ici n'est pas stockée sous forme d'ATP mais dissipée sous forme de chaleur. C'est la raison pour laquelle la valeur énergétique de l'éthanol est plus faible lorsqu'il est consommé en grande quantité.

Chez le sujet sain, le MEOS serait responsable de 25% de l’oxydation de l’éthanol, d’où un « coefficient moyen d’éthyloxydation » de 2g par kilogramme par poids corporel en 24h.

L'éthanol provoque la prolifération du réticulum endoplasmique lisse microsomal ce qui entraîne une augmentation de l'activité du P-450 lors d'intoxications aiguës, ce qui a par exemple pour conséquence, la rapidité de métabolisation des médicaments qui sont oxydés par le MEOS chez un alcoolique.

Enfin, si l'alcoolisation est vraiment trop forte (cas du buveur excessif et de l’alcoolique chronique), c'est la voie d'oxydation par la catalase qui intervient.

La catalase

La voie de la catalase, ou xantine-catalase (XOC) est la plus nocive, elle n'entre en jeu que lorsque les voies ADH et MEOS sont "saturées" : par exemple lors d'intoxications alcooliques prolongées. La catalase est une enzyme présente dans de nombreux tissus, mais surtout dans le foie, les scientifiques la connaissent mal, d'ailleurs son rôle n'est pas certain :

 

C'est à ce moment que l'"alcool" est le plus dangereux : en effet l'acétaldéhyde est un produit extrêmement toxique pour l'organisme : 30 fois plus que l'éthanol ! Il est ainsi à l'origine d'altérations cellulaires, métaboliques et membranaires. D'ailleurs l'acétaldéhyde peut s'associer avec d'autres protéines pour former des complexes toxiques.

C'est pour cette raison que l'organisme métabolise au plus vite cette molécule en une autre : l'acétate.


Oxydation de l’acétaldéhyde en acétate

La réaction se fait en présence de l'enzyme Acétaldéhyde Déshydrogénase qui est présente dans le cytosol (lorsqu'il y a peu d'acétaldéhyde à dégrader, c'est l'enzyme mitochondriale qui intervient) :

Une fois formé, l'acétate va subir une dernière réaction qui produira de l'acétyl CoA.

Catabolisme de l’acétate
           
Cette réaction se situe dans le cytosol des hépatocytes :


(CoA=SH=acétate thiokinase, enzyme)

Une fois formé, l'acétyl CoA pourra :

  • être utilisé pour la synthèse des lipides
  • former de l'acétoacétate
  • entrer dans le cycle de Krebs et produire de l'énergie (7,4 kcal/g), du CO2 et de l'eau

 

 

Le cycle de Krebs
            C’est une série de réactions métaboliques assurées par 7 enzymes pour décomposer totalement la molécule et produire de l'énergie, de l'eau et du CO2 :

 

Schéma récapitulatif :

B.      Pathologies hépatiques liées à l’alcoolisme
Quels sont les effets de l’alcool sur le foie ?

Une consommation chronique d'alcool entraîne des perturbations hépatiques : la stéatose alcoolique, caractérisée par une surcharge lipidique, qui peut évoluer vers une hépatite alcoolique, puis vers la cirrhose. L'ensemble de ces lésions constitue les maladies alcooliques du foie. Le risque de développer une cirrhose augmente avec la consommation d'alcool, surtout à partir de 40 g par jour chez l'homme et de 20 g par jour chez la femme. La femme serait ainsi plus vulnérable que l'homme à l'alcool. La cirrhose peut entraîner des complications, notamment des varices oesophagiennes et des hémorragies digestives.

Le traitement des maladies hépatiques du foie repose essentiellement sur l'abstinence, et une alimentation équilibrée.

Les différentes études anatomiques montrent que seuls 6 % à 27 % des patients alcooliques ont un foie normal ; 25 à 75 % d'entre eux présentent une stéatose hépatique, 11 % à 30 % ont une hépatite, et 8 % à 30 % développent une cirrhose.

La stéatose
           
Elle se caractérise par une surcharge lipidique. En dehors de l'alcool, il existe d'autres causes de stéatose, comme l'obésité, le diabète, .... L'hépatomégalie (augmentation anormale du volume du foie) liée à l'alcoolisation peut s'expliquer par une surcharge en lipides dans 20 % à 30 % des cas, mais également par une surcharge en protides dans 20 % des cas, ou en eau dans 50 % des cas.

Hépatite alcoolique
           
Les cellules hépatiques présentent des lésions, augmentent de volume, se nécrosent. Leurs parois s'épaississent. Certaines formes sévères peuvent entraîner de la fièvre, des douleurs intenses, un ictère (jaunisse), une polynucléose (augmentation du nombre des globules blancs), une anémie, une élévation des immunoglobulines (anticorps), plus rarement, un retentissement cérébral, et des anomalies de la coagulation.

Cirrhose
           
Elle se caractérise par un épaississement fibreux diffus. Les principales complications souvent associées à la cirrhose :

  1. des hémorragies digestives,
  2. un ictère,
  3. des infections : infection urinaire, septicémies, infections des poumons, tuberculose pulmonaire, etc...
  4. une surinfection par un virus de l'hépatite B ou C,
  5. un cancer du foie.

Des complications propres à l'intoxication alcoolique chronique sont également souvent associées :

  1. cancer des voies aéro-digestives supérieures,
  2. maladies du système nerveux,
  3. pancréatite chronique.

Il existe cependant de nombreuses causes de cirrhose autre que l'alcool : causes virales, biliaires, médicamenteuses, génétiques, métaboliques,....

Facteurs de risque
            Le risque de développer une cirrhose semble très variable selon les individus. De façon générale, une consommation excessive d'alcool pendant 10 à 20 ans est directement impliquée dans le développement d'une cirrhose. Le risque de développer cette maladie augmente avec la quantité quotidienne d'alcool consommée, notamment si elle est comprise entre 40 et 160 g/jour.

 

 Pour des quantités égales d'alcool, les femmes développent plus vite et plus fréquemment une cirrhose. Cela peut s'expliquer par des différences physiologiques (répartition du compartiment hydrique, enzyme ADH gastrique, ...).

 

 

 

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